Si les chiffres du chômage
baissent et tant mieux, je ne peux pas en dire autant de l’emploi des jeunes diplômés
à bac + 5 en école de commerce. Traditionnellement les «étudiants en cursus dit
« classique » ont plus de mal à trouver un premier emploi que les
étudiants en cursus « en alternance », une situation qui se confirme
et s’aggrave même aujourd’hui.
Mais le plus inquiétant
est que même les étudiants en alternance, qui ont pourtant au moins fait une
année entière comme salarié à temps plein et non comme « simple stagiaire »,
peine eux aussi à trouver le sésame de l’emploi : le fameux CDI.
Tout autour de moi, nombre
d’entre eux pour les plus chanceux vont des CDD en CDD (un court, plus un log,
souvent 12 mois en plus…) dans la même entreprise, les plus malheureux doivent
se contenter ça et là de missions d’intérim peu valorisantes mais malgré tout
quelque peu rémunératrices.
Le syndrome Tanguy est à
nouveau présent : faute de revenus conséquents et/ou réguliers, certains
retournent à leur grand désespoir chercher refuge au sein du foyer familial. Ce
qui est parfois vécu comme une régression dégradante.
Certaines entreprises sous
couvert d’encourager l’entrepreneuriat, prennent en missions de quelques mois
des jeunes diplômés en statut d’auto-entrepreneur. Mais il s’agit en fait d’une
forme déguisé de précarisation de l’emploi : les jeunes se mettent à leur
compte pour espérer trouver de quoi travailler au niveau de leurs compétences,
mais sans aucune protection sociale.
Pire encore, j’ai
récemment eu le témoignage poignant d’un diplômé qui va des contrats précaires
en contrats précaires depuis plus de 18 mois et qui s’est retrouvé convoqué à
un entretien d’une durée estimative entre 1h et 1h30. Mais à son arrivée, le
recruteur qui l’a reçu lui a clairement signifié qu’il s’agissait d’un simulacre
d’embauche (destiné à faire croire à l’extérieur que tout va bien ? La
création d’emplois par une entreprise suppose qu’elle possède de nouveaux
relais de croissance, non ?). Le poste était « déjà pourvu » ou « plus
à pourvoir » mais bon, cette personne était malgré tout disposé à
consacrer à notre candidat 10 à15 minutes d’entretien, pour « s’entrainer »…
Cette précarisation croissante
est d’autant plus inquiétante qu’elle pousse ces diplômés à douter : « ai-je
bien fait de faire un bac + pour me retrouver sans emploi ? ». Ah,
oui, j’oubliais, ces mêmes diplômés sont parfois jugés trop « capés »
pour certaines missions qui sur le plan pécuniaire leur feraient le plus grand
bien…).
Outre le doute, qui est l’ennemi
de la motivation t la performance (si nécessaire au travail au quotidien et
encore plus lorsqu’on candidate à un emploi), ces jeunes revoient drastiquement
leurs prétentions salariales à la baisse. Bref, une véritable braderie allant
jusqu’à 30%...
Alors dans tout cela,
elles sont ou les entreprises (socialement) responsables ? Et bien celles
qui annoncent clairement la couleur en expliquant que la conjoncture actuelle n’offre
aucune visibilité sont pour moi pleinement responsables. Elles disent la vérité
et surtout ne mentent pas, quelles soient des grandes multinationales comme des
TPE/PME. Mais tant d’autres continuent à nourrir des espoirs vains qui
contribuent à fragiliser nos jeunes diplômés. Au point que certains ayant perdu
beaucoup d’espoir, se transforment en mercenaires prêts à tout sauf à s’engager.
Enfin, lorsque j'ai tapé "emploi précaire" dans Google Images, j'ai été horrifié du nombre de dessins, illustrations, croquis... qui traduisent bien un malaise profond.
Alors la France irait-elle si
mal dans la branche du commerce, du marketing, du management et de la
communication ? Non, à en croire certains nos dirigeants politiques.
Pourtant le chômage baisse mais l’emploi des jeunes diplômés
bac + 5 en écoles de commerce recule et même dérape parfois…
Sacha Sicard
Chroniqueur marketing
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